lundi 23 juin 2014

La vraie nature de la dignité est intouchable


Alité de longs mois dans le service exceptionnel du Pr Brigitte Perrouin-Verbe et de son équipe à Nantes...

..., j'ai goûté avec bonheur le miroir de ma conscience dans le plafond de ma chambre. Avec l'agitation du film Intouchables, inspiré de ma vie, j'avais oublié ma condition de grand fragile. Dans le silence et l'immobilité, je retrouve enfin un peu de l'innocence et de la conscience de l'enfant que j'étais ou du tétraplégique que je suis depuis vingt ans.
J'ai côtoyé l'extrême fragilité, la différence insoutenable du polyhandicapé, du traumatisé crânien, la laideur de celui qui ne sait plus se contenir [...], gémit et hurle sans contrôle. Auraient-ils tous perdu leur dignité ?
En présence de ces extrêmes, j'ai appris à devenir [...] simple récepteur de l'autre dans son infinie altérité. Désarmé face à cet autre tellement désarmant, je suis prêt à reconsidérer le monde avec tendresse et engagement.
De la télévision me parviennent les rumeurs d'un monde estompé [...]. J'ai assisté avec une sourde appréhension à un débat sur le « droit à mourir dignement », comme si au menu de la vie on pouvait choisir la mort, être euthanasié quand la vie n'est plus une vie, quand le mal incurable ne vous laisse plus rien espérer de l'existence. Est-ce vraiment une liberté nouvelle que de disposer d'une vie qui aurait perdu les attributs de la dignité ? L'homme, après s'être rendu maître de la nature, se rendrait maître de la mort ; après l'abolition de la peine de mort, serait-ce l'abolition de la peine de vie ?

Fraternité à l'égard des plus faibles

Si vous m'aviez demandé lors de mes quarante-deux ans de « splendeur », avant mon accident, si j'accepterais de vivre la vie qui est la mienne depuis vingt ans, j'aurais répondu sans hésiter, comme beaucoup : non, plutôt la mort ! Et j'aurais signé toutes les pétitions en faveur d'une légalisation du suicide assisté ou de l'euthanasie.
Quel « progrès » ! Mais quelle violence faite aux humiliés, à la vie aux extrémités ; comme s'il n'y avait de dignité que dans l'apparence et la performance. La dignité nous la trouvons dans le respect dû à toute personne, dans l'accompagnement avec tendresse et considération, dans l'acceptation de la fragilité inhérente à la création. Qu'il est surprenant d'adhérer à la lutte pour la survie des espèces menacées et de me la refuser !
« C'est un droit qu'on vous propose » me dit-on ; « c'est une option, mais qui ne vous concerne pas », rajoute-t-on puisque vous ne demandez plus à mourir. Est-ce donc réservé aux plus humiliés, anormaux, dérangeants, inquiétants, silencieux, douloureux ? Culpabilisés, dépressifs et terrorisés par leur indignité ou pire, incapables de formuler une objection, ils n'auront pas la force, l'envie ou la capacité de résister aux regards ou au droit prescrit par une société anonyme « à la mort assistée dans la dignité ».
Quelle absence d'intelligence de la fragilité et de la différence, sources de richesse et de réconciliation ! Redonnons un peu de fraîcheur au mot de dignité, ne réduisons pas la dignité à la dignité d'apparence. Notre vivre-ensemble est fait de liberté entendue comme responsabilité, d'égalité devant la considération, de fraternité à l'égard des plus faibles et de solidarité dans l'épreuve. La dignité est le respect dû à la personne : ne touchez pas l'Intouchable !
(*) Philippe Pozzo di Borgo, Chevalier de la Légion d'honneur. Tétraplégique après un accident de parapente. Son livre Le Second Souffle (éd. Bayard) a inspiré le film Intouchables. Source: http://www.ouest-france.fr/node/2645785 

jeudi 5 juin 2014

Projet de loi 52 permettant l'euthanasie, un moment historique?

Aujourd'hui, l'Assemblée nationale a voté sur le projet de loi 52 qui permettra et donnera le pouvoir aux médecins de donner la mort à leurs patients dans certaines circonstances. 
Résultats du vote: 94 en faveur et 22 contre le projet de loi (8 députés étaient absents lors du vote)

Il n'y a pas de quoi à être fier... les personnes malades et en fin de vie sont doublement victime. 
Victime d'une maladie et victime de préjugés. Les malades sont peut-être en perte de capacité mais les députés sont aveuglés et la société est en perte de repères solides: donner la mort n'est pas un soin. 

L'émergence d'une nouvelle norme sociale tragique.
Nous sommes dans la phase de l'"euthanasie des consciences". Suivra l'acte euthanasique ( 18 mois pour la mise en oeuvre) à moins qu'il y ait contestations légales. Forte probabilité. Par http://refusmedical.blogspot.ca/

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